« Etrangers et voyageurs sur la terre »,…Jean-
Louis Decker, un de mes collègues à
la
retraite, composait il y a quelques années ce
beau chant s’inspirant des Ecritures et dont
voici un extrait :
Etrangers et voyageurs sur la terre,
nous marchons où Dieu nous conduit.
Il y a des soleils et il y a des nuits.
Nous marchons où Dieu nous conduit…
Chanter sa condition humaine me paraît plus
que légitime... C’est primordial, existentiel et
thérapeutique, car notre condition d’être
humain à de quoi inquiéter. Nous sommes
des étrangers… des voyageurs… Personne ne
s’appartient ou se possède. Tout n’est que
passage vers un au-delà. Nous ne sommes
qu’en destination vers. Il n’y a, ici bas,
aucune demeure, aucune propriété, aucun à
moi… Celui qui conteste ce fait, vit dans
l’illusion d’une quelconque possession.
Tout n’est que devenir. Et vivre en société
signifie vivre avec d’autres qui comme moi
sont des devenants. Je ne peux prétendre à
une quelconque exclusivité. Je ne suis pas
plus que ces autres, ces co-devenants…
Comme eux, je deviens et me dirige vers ce
Royaume à venir, celui de Dieu, c’est-à dire
celui de la Parole qui met en route.
Dans nos églises, cette dimension se doit
d’être redécouverte. Si je ne suis pas plus que
d’autres, tout en vivant autrement, ailleurs
et mieux… Alors l’autre, quel qu’il soit est un
frère, une soeur de par sa destinée. Il n’y a
plus d’étrangers car l’autre, fondamentalement,
n’est plus « autre ». Il est comme moi !
Et cette découverte de l’unicité de définition
ne peut que me pousser à l’oecuménisme
pratique, à la solidarité universelle.
Les lignes suivantes demeurent ma
conviction… Ma terre, c’est ta Terre! . Dieu
ouvre l’Univers! Nous sommes frères d’un
seul Père, Différents mais unis ! Abraham, tu
te lèves, je marche à ta suite : l’Ouverture
comme emblème, l’Inconnu devant moi !
Soyons à l’Ecoute de nos différences au lieu
d’avoir si peur... des Menaces, du Futur.
Ecoutons, respectons, cultivons nos
différences. Notre avenir sera beau, pluriel et
plus humain. Quelle merveille, la Confiance,
ouvrons-nous à Demain (deux mains). La
Rencontre, c’est la Fête. Tous ces autres
m’ont enrichi !
Comme l’écrivait Emmanuel Lévinas
« La Parole nous mène vers un pays
où nous ne sommes pas nés. »
Gilbert GREINER
Pasteur transfrontalier (Lauterbourg/Neuburg) |